AIDE POUR SOI ET POUR NOS PROCHES

Vous souffrez d’anorexie, boulimie, ou d’un autre Trouble du Comportement Alimentaire (TCA)?

Un de vos proches est en souffrance ? 

Souffrir d’un TCA s’accompagne souvent d’un sentiment d’extrême solitude et d’incompréhension de nos famille et amis. Nos proches peuvent en effet se sentir exclus et impuissants, tout en voulant nous comprendre et nous aider.

Lorsqu’on souffre d’un TCA, tout l’équilibre familiale et interactions sociales sont perturbées. Frères, sœurs, et proches sont souvent dans la souffrance, et se sentent démunis face à la situation – notamment au sein de milieux au sein desquels les TCA restent largement inconnus et sujets tabous.

Parallèlement à l’équipe médicale et psychiatrique qui accompagne le processus de récupération, l’aide des proches est fondamentale pour sortir de l’engrenage vicieux des TCA.

Dans le but de comprendre ce que sont vraiment les TCA, comment les affronter et les surmonter tous ensemble, nous mettons à votre disposition une série d’outils, tests et conseils:

1. Aide pour Soi

1.1. Tests de dépistage (lire avertissement)

1.2. Conseils et témoignages

2. Aide pour Proches

AVERTISSEMENT : Ces outils, tests et conseils ne remplacent en AUCUNE INSTANCE l’avis et le suivi d’une équipe médicale et psychiatrique. Si vous continuez à naviguer cette page et vous vous sentez concernés, demandez immédiatement de l’aide.

SURTOUT, RAPPELEZ VOUS: RIEN ne vaut une intervention immédiate afin de prévenir le cycle vicieux des TCA ainsi que toute détérioration sur votre (ou de votre proche) santé mentale et physique. Les TCA peuvent être prévenus et guéris si des mesures sont prises le plus tôt possible dès les premiers signes d'une préoccupation récurrente à l'égard du poids et de l'image corporelle.

  1. Aide pour Soi

1.1. Tests

Nous vous présentons à continuation les principales auto-évaluations des TCA disponibles en français : SCOFF-F, EAT-26, BULIT, EDI, YFAS… Des liens sont disponibles pour vous permettre de faire ces tests en ligne. L’objectif de leurs auteurs est de développer un outil fiable, simple et rapide, permettant de repérer les sujets à risque ou atteints de TCA pour le dépistage.

Avertissement: Les tests offerts servent simplement comme premier outil de dépistage, et ne permettent en aucun cas de poser un diagnostic médical. Si vous soupçonnez que vous êtes à risque d’un Trouble Alimentaire, visitez un professionnel afin d’obtenir un diagnostic complet.

Questionnaire SCOFF-F

Faire le test SCOFF-F en ligne

Le questionnaire SCOFF utilise un acronyme pour faire référence aux cinq principaux points abordés dans le test (Sick, Control, One, Fat, Food). Il a été, conçu en 1999, en Angleterre, par Morgan et al. [1], pour une utilisation par des non-professionnels, pour évaluer la présence éventuelle d’un trouble alimentaire. Au Royaume-Uni, il est couramment employé comme outil de dépistage par les médecins généralistes.

L’objectif des auteurs était de développer un outil fiable, simple et rapide, permettant de repérer les sujets à risque ou atteints de TCA, pour le dépistage et l’utilisation épidémiologique. Le questionnaire SCOFF a été testé et validé dans une population de patientes atteintes de TCA et un groupe contrôle. Sa version française – le SCOFF-F – a été validée en 2008. Ce questionnaire est recommandé par la HAS pour le diagnostic des TCA. Le SCOFF-F a la même validité qu’il soit passé à l’oral ou à l’écrit [2].

Le questionnaire SCOFF est donc un outil simple, rapide et d’interprétation facile, dont les caractéristiques métrologiques sont satisfaisantes, permettant d’établir un diagnostic de TCA. Il ne prend que 30 secondes à compléter.

Le questionnaire est composé de 5 questions dichotomiques.

Un point est attribué pour chaque “oui”. Deux réponses positives sont fortement prédictives d’un trouble du comportement alimentaire.

Echelle d’auto-évaluation de l’anorexie mentale – EAT (eating attitude test)

Faire le test EAT-26 en ligne

L’EAT est un questionnaire d’auto-évaluation existant sous deux formes : à 40 et à 26 items [3].
C’est un instrument de dépistage élaboré pour l’évaluation des comportements et des attitudes anorexiques. Il évalue le risque de développer un TCA. Le EAT-26 ne permet pas de poser le diagnostic de TCA mais ses 3 critères permettent de déterminer la nécessité ou non d’une prise en charge spécialisé. Ce questionnaire est reconnu pour le dépistage de l’AM et de la BN mais il est limité pour les autres TCA [4].

Il nécessite moins de 5 minutes et peut être fait de façon autonome par le patient ou bien par le praticien ou intervenant scolaire par exemple.

Les domaines explorés sont :

  1. Restriction alimentaire (diète alimentaire),

  2. Boulimie et préoccupation concernant la nourriture,

  3. Contrôle de la prise alimentaire.

Les items sont cotés sur une échelle de Likert en 6 points allant de « Pas du tout/Jamais » à « Extrêmement/Toujours”.

En plus des 26 questions vient s’ajouter la présence d’un faible poids corporel selon l’IMC, et des questions comportementales additionnelles (présence de crises d’hyperphagie, vomissements, utilisations de laxatifs et autres moyens compensatoires).

Le score seuil est de 20. Un score supérieur ou égal à 20 indique un niveau élevé de préoccupation sur les régimes amaigrissants ou comportements alimentaires problématiques. Il est donc recommandé une consultation spécialisée afin de poser le diagnostic ou non. Un score inférieur à 20 est associé à un moindre risque de présenter un TCA, mais n’exclue pas la présence de symptômes cliniques significatifs de ce type de trouble.

Les limites de l’instrument sont notamment les problèmes de sincérité liés à l’auto-évaluation (dénis), ainsi qu’un taux relativement important de faux négatifs. L’EAT est très sensible aux influences culturelles, ce qui rend difficile l’établissement de normes. La sensibilité de l’EAT est modeste, mais peut être améliorée par le recueil d’informations complémentaires notamment concernant le poids et l’humeur.

EDI (Eating Disorder Inventory)

Faire le test EDI-2 en ligne 

L’EDI n’est pas un outil de repérage des troubles du comportement alimentaire. Il a été construit pour évaluer des attitudes, des sentiments ou des comportements liés aux conduites alimentaires. Il permet d’estimer la fréquence avec laquelle les sujets s’attribuent d’éventuelles particularités dans les modalités mêmes de l’alimentation [5].

Instrument ancien, bien validé et évolutif, l’EDI peut être considéré comme l’inventaire de référence de base pour l’étude des caractéristiques psychologiques des sujets présentant des troubles du comportement alimentaire.

Il est utilisé pour les hommes et pour les femmes de plus de 12 ans.

L’EDI-2 [6]peut être utilisé dans le cadre du diagnostic initial avant le début de la psychothérapie pour la planification du traitement différencié ou plus tard dans le mesure du changement.

L’EDI-2 comprend 91 items et 11 sous-échelles :

  1. Ascétisme : tendance à atteindre la vertu à travers la poursuite d’idéaux tels que la discipline, le déni, la restriction, le sacrifice et le contrôle de ses propres besoins corporels.

  2. Boulimie : tendance à penser à et à faire des épisodes boulimiques. Les comportements associés, en particulier les vomissements provoqués, font partie de l’échelle.

  3. Conscience intéroceptive : confusion et appréhension à reconnaître les états émotionnels et à y répondre de manière appropriée, ceci concernant également l’identification des sensations de faim et de satiété.

  4. Contrôle des impulsions : tendance à l’impulsivité, aux abus de substances, la prise de risque, l’hostilité, l’autodestruction et la destructivité en matière de relations interpersonnelles.

  5. Désir intense de minceur : préoccupations excessives vis-à-vis du régime et du poids, désir intense d’être plus mince et peur de l’embonpoint.

  6. Inefficacité : sentiments d’inadéquation générale, d’insécurité, de solitude et éprouvé de ne pouvoir être capable de contrôler sa propre vie.

  7. Insatisfaction corporelle : insatisfaction globale concernant les formes corporelles et croyance que certaines parties du corps, les hanches, la poitrine ou les fesses sont trop grosses.

  8. Insécurité sur le plan social : conviction que les relations sociales sont globalement de mauvaise qualité, tendues, incertaines, ingrates et n’apportent que du désappointement.

  9. Méfiance dans les relations interpersonnelles : sentiment général d’aliénation et réticence à nouer des relations intimes.

  10. Perfectionnisme : croyance selon laquelle seuls les niveaux les plus élevés de performances personnelles sont acceptables ; croyance que les autres attendent ces niveaux de la patiente (ou du patient).

  11. Peur de la maturité : désir de revenir à la sécurité de l’enfance face aux craintes vis-à-vis des expériences psychologiques et biologiques associées à un poids d’adulte.

Le questionnaire est composé de  items évalués sur une échelle de Likert en 6 points : « toujours », « habituellement », « souvent », « quelquefois », « rarement », « jamais ».
Suivant que l’item soit direct ou inversé, « toujours » ou « jamais » sont cotés 3, « habituel » 2, « souvent » 1.

Les 3 degrés opposés à la réponse la plus pathologique sont cotés 0. Les items directs où « toujours » = 3, « en général » = 2, « souvent » = 1 et « quelquefois, rarement, jamais » = 0. Les items indirects suivis d’un astérisque où « jamais » = 3, « rarement » = 2, « quelquefois » = 1 et « souvent, en général, toujours » = 0.

L’échelle comporte également des items concernant l’état-civil, le poids actuel, la taille, le poids antérieur le plus bas, le poids antérieur le plus élevé, l’âge de début des problèmes de poids, et le poids idéal perçu par les sujets.

L’auto-questionnaire est rempli en environ 20 minutes.

YFAS (Yale Food Addiction Scale)

Télécharger le test YFAS (critères DSM-IV)

Cette échelle a été traduite et validée en français [8].

La YFAS mesure les symptômes de dépendance à l’alimentation au cours des 12 derniers mois, en adaptant les critères de dépendance aux substances du DSM-IV.

La YFAS permet d’évaluer l’addiction à l’alimentation de deux manières : 1) le nombre de symptômes d’addiction à l’alimentation présents au cours des 12 derniers mois et 2) diagnostic éventuel d’addiction à l’alimentation. La YFAS a été construite de façon à identifier les personnes qui présenteraient des symptômes et un haut risque de dépendance à l’alimentation.

Cette échelle est composée de 25 items (de type Likert ou dichotomiques), basés sur les sept critères de dépendance à une substance du DSM-IV-TR, et se rapportant aux 12 derniers mois :

  1. Tolérance (items 20 et 21)

  2. Sevrage (items 12, 13 et 14)

  3. Substance prise en quantité plus importante ou pendant une durée plus importante que prévue (items 1, 2 et 3).

  4. Désir persistant ou efforts infructueux pour limiter ou arrêter la consummation de la substance (items 4, 22, 24, 25).

  5. Beaucoup de temps passé pour consommer la substance ou pour se remettre de ses effets (items 5, 6 et 7).

  6. Abandon d’activités sociales, professionnelles ou de loisirs (items 8, 9, 10 et 11).

  7. Poursuite de la consommation malgré l’existence de conséquences physiques et/ou psychologiques (item 19). Souffrance marquée : items 15 et 16.

Pour parler d’addiction à l’alimentation, il faut que la personne ait au moins 3 critères sur 7 positifs ET qu’elle remplisse également le critère “souffrance marquée”. Pour qu’un critère soit considéré comme “positif”, il faut qu’au moins un des items du critère ait un score significatif. Les cut-offs de significativité sont les suivants :

  • Items 25 : score significatif si réponse ≥ 5.

  • Items 1, 2, 4 et 6 : score significatif si réponse ≥ 4.

  • Items 3, 5, 7, 9, 12, 13, 14, 15 et 16 : score significatif si réponse ≥ 3.

  • Items 8, 10, 11 : score significatif si réponse ≥ 2.

  • Item 24 : score significatif si réponse est “non”.

  • Items 19, 20, 21, 22 : score significatif si réponse est “oui”.

Les items 17, 18 et 23 ne font pas l’objet de cotation (il s’agit de questions servant d’amorces pour les questions suivantes).

Des outils s’appuyant sur les nouveaux critères du DSM-5 ou de la CIM-11 sont à développer.

Télécharger le test YFAS (critères DSM-IV)

Test des Troubles Alimentaires par Fairburn, Cooper et O’Connor

Faire le Test des Troubles Alimentaires

Basé sur les travaux des psychologues Fairburn, Cooper et O'Connor, ce test évalue les signes et symptômes qui peuvent indiquer la présence d'un trouble alimentaire. Ces signes appartiennent aux sous-échelles de la contention, de la préoccupation alimentaire, de la préoccupation du poids et de la préoccupation de la forme. La détection précoce des troubles de l'alimentation est la première étape pour obtenir l'aide professionnelle appropriée.

Souffrez-vous d’un trouble de l'alimentation ? Pour chacun des points suivants, indiquez dans quelle mesure il s'applique à vous.

1.2. Conseils et Témoignages

2. Aide pour Proches

Vous doutez que votre enfant, ami(e) ou proche souffre d’un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA)? Que faire? Comment aider son enfant ou ami(e) qui ne veut pas manger malgré les conséquences néfastes sur sa santé? Qui résiste, qui dissimule, qui perd du poids, et insiste pourtant à suivre son régime et son entraînement sportif?

Les TCA sont des troubles qui frappent majoritairement à l’adolescence. Pour la famille, c’est une épreuve qui génère incompréhension et impuissance. Comment soutenir au mieux son enfant et l’accompagner vers la guérison ?

Les TCA peuvent être complexes et sévères, affectant généralement l’ensemble des différentes facettes de la vie d’un individu, et tout particulièrement le quotidien de son entourage. Les familles se trouvent souvent engagées dans un parcours quotidien semé d’embûches et de défis, bouleversant radicalement leur mode de vie. Ces troubles requièrent donc souvent des ajustements continus, entraînant des répercussions qui s’étendent bien au-delà de la simple gestion des symptômes extérieurs. Les manifestations de ces troubles, comme le refus de s’alimenter, une obsession excessive pour le contrôle de l’alimentation, ou des comportements compensatoires tels que l’exercice physique intense et purge, peuvent apparaître comme des actes irrationnels ou délibérés, provoquent un sentiment profond d’impuissance et de frustration parmi la famille et proches.

Face à ces défis, nous mettons à disposition des familles et proches une série de ressources pour se familiariser avec les aspects médicaux et psycologiques des TCA dans le but de mieux comprendre et gérer la situation, ainsi que de développer des stratégies pour soutenir efficacement la personne concernée.